Gaia-X: le projet franco-allemand pour un cloud souverain et européen

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Afin de concurrencer les géants américains, l’Union européenne prépare une alternative baptisée Gaia-X, une infrastructure européenne des données.

Avec la plupart des sociétés de cloud computing à grande échelle ayant leur siège aux États-Unis et en Chine, l’Union européenne cherche à mettre en place un écosystème de cloud qui lui soit propre afin de s’assurer qu’elle ait un contrôle complet sur les données circulant dans ses pays membres.

L’UE a un plan pour concurrencer la domination des entreprises américaines et chinoises dans le secteur du cloud avec un projet baptisé Gaia-X. Actuellement, le marché de l’Infrastructure as a Service (IaaS) est principalement réparti entre Amazon (47,8%), Microsoft (15,5%), Google (4%), IBM (1,8%), Alibaba (7,7%) et Tencent, mais l’Europe veut créer un nouvel écosystème qui réduira sa dépendance à l’égard de ces entreprises.

Gaia-X est le résultat d’une collaboration entre la Commission européenne et les gouvernements allemand et français, qui se sont engagés à soutenir le projet pour qu’il se concrétise. Selon le ministère fédéral allemand des Affaires économiques et de l’Énergie, cela nécessitera les efforts concertés de plus de 100 organisations, dont Deutsche Bank, Siemens, Bosch, Telekom et SAP.

L’annonce initiale de l’année dernière a provoqué un émoi parmi les géants américains de la technologie qui ont averti que les ambitions de l’Europe pour la « souveraineté numérique », bien qu’un objectif légitime, aient le potentiel d’étouffer l’innovation et de restreindre la liberté de choix des clients potentiels. Des entreprises américaines comme Microsoft ont même proposé d’aider Gaia-X, mais on ne sait pas comment elles pourraient le faire dans le contexte de l’obligation de se conformer au US Cloud Act, ce qui est l’une des raisons pour lesquelles l’Europe souhaite prendre le contrôle de son flux de données.

Cela dit, Gaia-X est encore à ses balbutiements, venant d’être enregistrée en tant que société par un groupe de sociétés françaises et allemandes. Le lancement officiel est prévu pour 2021, et les détails entourant le projet n’ont pas encore été révélés. La description la plus proche à ce jour est que Gaia-X sera composé d’un essaim de petites et grandes entreprises de cloud computing qui devront se conformer à un ensemble spécifique de règles de sécurité, de confidentialité et de gouvernance et de portabilité des données.

Selon Gartner, les dépenses mondiales dans les services de cloud public devraient atteindre 266 milliards de dollars cette année, ce qui montre que le cloud computing se généralise et que les acteurs établis ont déjà pris pied. Cela jette un doute sur la capacité de l’UE à construire un écosystème cloud alternatif, mais certaines entreprises comme le fournisseur français IaaS OVHcloud sont convaincues que cela peut être fait.