La CNIL s’oppose aux portes dérobées

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La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) s’oppose aux portes dérobées qui, selon elle, risquent de fragiliser l’ensemble des systèmes informatiques.

Alors que le chiffrement est au cœur d’une bataille judiciaire entre le FBI et Apple au sujet de l’iPhone de l’un des tireurs de la fusillade de San Bernardino (Californie), le débat sur les « portes dérobées » (backdoors) s’installe en France. Vendredi, lors de la présentation de son rapport d’activité 2015 et de son plan stratégique (2016-2017), la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) s’est prononcée contre leur utilisation. Selon elle, l’utilisation de backdoors n’est « pas une bonne solution ». Elle refuse que les pouvoirs publics français s’emparent de cette question car cela pourrait fragiliser l’ensemble des systèmes informatiques.

Pour rappel, les « backdoors » sont des logiciels qui permettent d’accéder à des informations cryptées. François Molins, le procureur de Paris, réclame également leur utilisation, notamment dans les affaires de terrorisme. Un avis partagé par Nathalie Kosciusko-Morizet (Les Républicains), qui a déposé un amendement au projet de loi numérique.

Cependant, Isabelle Falque-Pierrotin, la présidente de la CNIL, a rappelé que « le positionnement de la Cnil a été et restera de garder un pilotage ferme permettant de dire que ce ne n’est pas parce que l’impératif de sécurité se renforce qu’on doit abandonner des libertés». Elle a également tenu à souligner qu’il existait déjà des dispositifs comme les « réquisitions, captations de données informatiques, techniques de collectes mises en place par la loi renseignement ».

Mais du côté du procureur de Paris, ces mesures seraient inefficaces : « Tous les smartphones qu’on essaie d’exploiter sont verrouillés et cryptés. C’est un gros souci qu’on a car si la personne ne veut pas donner le code d’accès on ne peut plus rentrer dans le téléphone. On a toujours un téléphone dans l’affaire Ghlam (attentat avorté à Villejuif,) dans lequel on n’a pas pu pénétrer » ajoutant : « L’an dernier on a eu 8 smartphones qui n’ont pas pu être pénétrés ».

Isabelle Falque-Pierrotin admet qu’il pourrait y avoir un bénéfice sur un cas en particulier, mais que « les effets systématiques, les effets collectifs d’un dispositif de ce type seraient extrêmement négatifs en termes de fragilisation de l’infrastructure informatique ». En effet, d’après la commission, le chiffrement « est un élément clef de la robustesse des systèmes » notamment au vu de la multiplication des attaques informatiques.


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