Soleil : Prévoir les tempêtes solaires avec la « corde magnétique »

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Des chercheurs du CNRS ont découvert l’élément déclencheur des éruptions solaires. Il s’agit d’une « corde magnétique » au niveau de l’atmosphère de l’astre.

L’énergie de cette corde magnétique augmente au fur et à mesure de son émergence depuis l’intérieur du Soleil, selon ces scientifiques français pour qui cette corde est à l’origine du phénomène éruptif.

« Nous avons identifié la source d’une éruption solaire quatre jours avant qu’elle ne se forme. Ces travaux vont nous aider à essayer de mieux prévoir les déclenchements d’éruptions solaires« , déclare à l’AFP l’astrophysicien Tahar Amari, membre de l’équipe qui a mené ces travaux.

Les éruptions solaires sont des événements qui ont lieu dans l’atmosphère de l’astre. Elles se caractérisent par des émissions de rayonnements, de particules et parfois, pour les plus importantes, par l’éjection d’une énorme bulle de plasma (un gaz ionisé), qui déclenche les tempêtes solaires.

Pour nous Terriens, elles peuvent générer des perturbations multiples qui touchent notamment les générateurs électriques au sol, les satellites, les avions, ainsi que les systèmes GPS et de communication.

Une équipe de chercheurs du CNRS, travaillant à l’Ecole polytechnique, ainsi que du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a étudié une éruption solaire intervenue en décembre 2006, qui a été observée par un satellite japonais.

Par leurs calculs, les scientifiques ont montré qu’une structure caractéristique, en forme de « corde magnétique », apparaissait progressivement dans les jours précédant l’éruption, jusqu’à être complète la veille du phénomène, selon leur étude publiée mercredi dans la revue britannique Nature.

« Le champ magnétique s’organise en formant une corde qui ressemble un peu à du chanvre torsadé. Les extrémités de la corde sont ancrées dans les taches solaires situées à la surface du soleil » (photosphère), selon M. Amari, directeur de recherche CNRS à l’Ecole Polytechnique.

– Un enjeu de taille –

Les taches solaires, qui sont les zones les plus froides et les plus sombres à la surface du soleil, correspondent à de fortes concentrations du champ magnétique solaire. Elles s’associent en groupe, formant des régions actives, d’où partent les éruptions.

Les éjections de bulles de plasma se produisent dans la couronne, la zone la plus externe de l’atmosphère solaire.

Selon M. Amari, ces travaux proposent une méthode qui pourra être utile pour anticiper les éruptions.

« En se basant sur des données magnétiques accumulées en +temps réel+ et une chaîne de modèles numériques adaptés, il sera à terme possible de prévoir la météorologie de l’espace« , considère-t-il.

Les éruptions solaires envoient des rayonnements qui mettent 8 minutes à arriver sur la Terre quand ils sont dirigés vers elle. Les particules, elles, mettent environ 30 minutes à toucher notre planète. Quant aux importantes projections de bulles de plasma, les plus à craindre, elles commencent à avoir des effets entre un et quatre jours après l’éruption.

Ces projections de plasma dans l’espace viennent interférer avec le champ magnétique terrestre, provoquant des orages magnétiques.

Ces phénomènes sont à l’origine des aurores boréales. Ils peuvent aussi être très destructeurs. En 1989, un violent orage magnétique a privé d’électricité 5 millions de personnes au Canada pendant plusieurs heures. Il a fait griller le transformateur électrique d’une centrale nucléaire aux Etats-Unis.

En juillet 2012, une gigantesque tempête solaire a manqué la Terre de peu…

Arriver à prévoir les tempêtes solaires est donc un enjeu très important. Actuellement, grâce à des satellites américains, on arrive seulement à les prédire plusieurs heures avant, ce qui permet cependant de prendre des mesures d’urgence. La NASA et l’ESA (Agence spatiale européenne) travaillent activement sur ces questions.

AFP


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