D’après la Cour des comptes, le déploiement de la fibre optique en France devrait coûter plus cher que prévu, en plus de prendre du retard.
En 2013, le gouvernement s’est engagé à couvrir en dix ans l’ensemble du territoire dans le cadre du « Plan France très haut débit » pour atteindre en 2022 100 % des 35 millions de logements et locaux à usage professionnel. Si le projet est intéressant pour les français, celui-ci semble être trop ambitieux. En effet, selon la Cour des comptes, l’État ne sera pas en mesure de respecter le délai ni le budget initialement prévu.
En analysant 47 projets territoriaux couvrant la moitié de la population et le tiers du territoire, la Cour et les chambres régionales des comptes se sont rendues compte qu’il faudra probablement attendre quelques années de plus (2030) et investir pas moins de 15 milliards d’euros supplémentaires pour couvrir l’ensemble du territoire en très haut débit (plus de 30Mb/s).
Les causes du problème sont multiples. Tout d’abord, le gouvernement a omis les coûts liés au raccordement final par les collectivités des clients. Cet oubli est donc estimé à 4,5 milliards d’euros, qui viennent s’ajouter à la facture finale. Le second problème est justement le retard pris dans ces zones car celles-ci sont les moins rentables. Pour rappel, contrairement aux zones rurales, dans les zones urbaines, ce sont les opérateurs privés qui gèrent la couverture.
Par ailleurs, si l’objectif de couverture intermédiaire (50 % en 2017) sera bien atteint, l’insuffisance du co-investissement privé compromet l’atteinte de l’objectif de 100 % en 2022. Les juridictions financières appellent donc à actualiser les objectifs, à mieux prendre en compte les technologies alternatives à la fibre optique jusqu’à l’abonné (câble, VDSL2 ou satellite), afin de construire un « mix technologique » moins coûteux, et à intégrer un objectif de haut débit minimal pour tous les foyers.
Selon la cour des comptes, la France accuse un retard important dans le déploiement du très haut débit en raison de ses caractéristiques géographiques et d’une réutilisation des infrastructures existantes moins importante. En juin 2015, seuls 45 % des foyers étaient couverts en très haut débit fixe. A l’échelle européenne, c’est 71 %. La France se classe donc 26eme sur 28.