Comment Internet a révolutionné l’industrie musicale

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L’année 2017 va marquer un anniversaire particulier, celui des 10 ans de l’album In Rainbows de Radiohead. Cet album a marqué un tournant dans l’histoire de l’industrie musicale puisqu’il est le premier album, produit par un groupe mondialement connu, à être sorti gratuitement et directement en téléchargement, le tout avec l’aval du groupe lui-même. La sortie de cet album fut ce que l’industrie du disque n’arrivait toujours pas à avouer : le format MP3 et Internet ont bouleversé, si ce n’est tué, le CD et ce qu’était le monde musical à ce moment-là. Aujourd’hui, les artistes font leur promo via les réseaux sociaux, publient en exclusivité leurs nouveaux titres sur Internet et ont dû se soumettre à la rémunération à l’écoute via les plateformes de streaming musical. Si 2007 et Radiohead semblent être l’aveu de la victoire d’Internet, revenons sur ce qui s’est passé avant et comment Internet a chamboulé l’industrie musicale.

La révolution peer-to-peer

En 1999, Internet voit naitre une plateforme qui va révolutionner le monde, Napster. Napster va mettre en place un système peer-to-peer, c’est-à-dire que les internautes vont pouvoir s’échanger des fichiers directement entre eux sans passer par un serveur centralisé. Les fichiers sont au format MP3, révolution là aussi. Avec une connexion de bonne qualité, il devient donc possible d’envoyer et de recevoir des fichiers audio. Les majors vont réagir et faire fermer Napster en 2001, mais dans la foulée va naitre KaZaa puis eMule qui vont fonctionner sur le même principe. Avec la démocratisation d’Internet, plus en plus de foyers vont découvrir ces plateformes et par corrélation, les ventes de CD vont peu à peu s’effondrer. Les majors accusent alors Internet de tuer l’industrie musicale, mais ce n’est pas l’industrie qu’elle est en train de tuer mais seulement un modèle, preuve en est.

L’heure de gloire de Myspace

On semble l’oublier aujourd’hui mais comme le rappelle 1&1 dans l’un de ses articles, avant que Facebook s’impose comme LE réseau social, il y avait Myspace. Si Myspace proposait déjà tous les codes classiques du réseau social, messagerie privée, mur de publications, amitiés avec d’autres comptes, il avait surtout la particularité de mettre en avant la musique. Des jeunes artistes pouvaient alors poster leurs propres musiques et se faire connaitre grâce au bouche à oreille numérique. C’est une nouvelle fois le modèle des majors toutes puissantes qui est attaqué. Un jeune artiste n’a plus besoin d’attendre un hypothétique contrat pour se faire connaitre du grand public.

Les premiers succès de la génération Myspace

Des artistes de renom ce sont fait connaitre par Myspace notamment Adele qui a remporté cette année cinq Grammy Awards, mais elle ne fut pas la première à se révéler grâce au réseau social. L’une des premières « stars » de Myspace fût Lilly Allen. Inconnue des grands médias, mais très populaire en ligne, elle attire l’œil du producteur Mark Ronson qui lui composera l’album Alright, Still qui deviendra triple album de platine en Angleterre et dont la chanson Smile sera le single le plus vendu en 2006. C’est un autre groupe qui restera comme l’emblème de la génération Myspace, les Arctic Monkeys. Les jeunes originaires de Sheffield, sortent en 2006 l’album Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not qui restera comme l’un des chefs d’œuvre du rock anglais du XXIe siècle. Eux aussi inconnus du grand public à l’époque, ils se sont révélés sur Myspace et ont attiré l’œil du label indépendant Domino Records qui leur proposa de sortir leur premier album, avec la suite que l’on connait…

2007 a donc marqué un tournant, celui de l’effondrement d’un schéma classique : toute puissance des grandes maisons de disques et format CD. Le MP3 s’est imposé comme le format majoritaire en permettant à de jeunes inconnus de se faire connaitre. 2007 a surtout ouvert la voie à de nouvelles plateformes qui aujourd’hui règnent en maitre, que ce soit Youtube ou Spotify.