En Indonésie, la ville de Jakarta a lancé une plateforme permettant aux habitants de signaler les embouteillages, inondations ou agressions.
Une nouvelle plateforme en ligne ouverte aux habitants pour signaler avec leur smartphone des embouteillages, inondations ou agressions dans la capitale indonésienne: c’est le pari du nouveau gouverneur de Jakarta pour mieux gérer les problèmes de la mégapole.
Mais certains doutent déjà du succès de l’initiative dans cette ville de plus de 10 millions d’habitants, l’une des plus embouteillée au monde, polluée par les gaz d’échappement mais aussi les détritus dans les rues, et frappée chaque année par des inondations qui engloutissent des quartiers pauvres pendant la saison des pluies.
Alors que les précédents gouverneurs ne sont pas parvenus à régler une myriade de problèmes, Basuki Thahaja Purnama, qui a pris ses fonctions en novembre, mise sur les technologies modernes et les réseaux sociaux très populaires en Indonésie, espérant ainsi parvenir à de réels changements.
Lancé une il y une semaine, le projet Smart City permet désormais à tous ceux qui ont un accès à internet de signaler avec leur smartphone ou tablette électronique des problèmes rencontrés — inondations, amas de détritus sur la voie publique, nids-de-poule, délits — auxquels les services de la ville les plus proches sont censés apporter une réponse rapide.
« Si vous voulez être bien servis, aidez-nous à surveiller la ville », a déclaré le gouverneur surnommé Ahok, en lançant le projet.
La ville espère que les gens seront « actifs » en se connectant au principal site dédié à ce projet, smartcity.jakarta.go.id, a ajouté le gouverneur, dont le compte Twitter est suivi par deux millions de personnes.
Smart City utilise Google Maps et l’application Waze pour permettre aux automobilistes d’échanger des informations sur le trafic en temps réel.
Le site propose aussi deux applications pour smartphone créées spécialement pour ce projet: Qlue permet aux utilisateurs de signaler des problèmes, et CROP doit être utilisée par les services de la ville les plus proches du lieu du problème, afin d’y apporter une réponse.
Un indicateur rouge apparaît sur le site principal quand un problème est signalé. Et quand il est réglé, l’indicateur passe au vert.
Connu pour réprimander sans ménagement des fonctionnaires, le gouverneur espère que cette initiative va se révéler efficace dans cette mégapole régulièrement critiquée pour la bureaucratie excessive et la corruption.
Pour s’assurer que les fonctionnaires font bien leur travail, Ahok a ordonné aux chefs de 30.000 quartiers de la mégalopole d’envoyer un tweet avec photo pour chaque problème signalé dans leur zone. Et il menace de baser leur salaire sur le nombre de messages envoyés.
L’internet est déjà populaire depuis des années parmi les habitants de Jakarta pour signaler des problèmes rencontrés en ville, mais l’initiative d’Ahok est le premier projet conçu par les autorités pour gérer la mégapole.
Si Smart city a été bien accueilli par certains observateurs, d’autres ont exprimé de sérieux doutes sur ses chances de succès dans une ville où l’internet n’est pas accessible partout, parfois difficile d’accès et pas très populaire au sein de l’administration.
« D’après mon expérience, de nombreux fonctionnaires de l’administration Ahok ne connaissent même pas l’email », a déclaré à l’AFP Ahmad Safrudin, un militant pour la lutte contre la pollution de l’air à Jakarta.
Le manque apparent de culture d’internet au sein de l’administration pourrait être le principal obstacle à cette initiative.
Fidiyah Rohim, un chef de district censé participer activement à Smart City, a ainsi confié au quotidien Jakarta Post : « Je n’ai ni ouvert le site ni téléchargé l’application ».
AFP